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Nicolas

La Lettre de

"Bonjour à toi qui lis ces lignes.

J’espère que ta vie, tes rêves, tes désirs, ton chemin se portent pour le mieux.

Laisse-moi te raconter une histoire. Une histoire de six ans de vie.

Tout a commencé l’été 2015 après le festival d’Avignon. Mon ami Jérémy Harnay et moi avions décidé de nous associer à Lucille Gimonet pour créer notre propre structure de création de spectacles. Nous étions à l’époque trois enfants fous et perdus en quête de liberté. C’est ainsi que le 18 septembre 2015, entouré des membres d’une nouvelle famille et amis, nous avons donné naissance à la Compagnie Genèse. Nous étions remplis de désirs et d’envies.

L’aventure a commencé avec Noir sur Blanc, création écrite et mise en scène par Lucille. Six mois plus tard, le projet était acheté par l’Université de Mont st Aignan : première représentation, première facture, premiers cachets. Le petit bébé devient grand. Peu de temps après, on m’a proposé de diriger des ateliers sous l’égide de la compagnie pour  l’Amicale Laïque de Maromme (ALM) ;  C’est durant cette période que j’ai rencontré Nolwenn Lepicard qui était devenue ma remplaçante durant les ateliers pendant que j’étais sur d’autres spectacles. En tant que responsable artistique de la Compagnie Genèse, je lui ai proposé d’utiliser la structure pour créer son projet autour des violences psychiques et physiques : Coup à rebours, une pièce entre réalité et fiction, mêlant des témoignages recueillis par Nolwenn avec un texte de Constance de Saint Remy.

Malheureusement, et peut-être à cause du manque d’expérience, les guerres d’égo ont commencé, la perte de confiance et le manque de communication se sont de plus en plus installés et des amitiés de longues dates se sont brisées.  La collaboration avec A.L.M s’est également arrêtée au bout de douze ans.

Période sombre, il est vrai ! Mais qu’importe, il faut continuer.

Sans prôner l’utilisation de l’alcool, c’est après une séance d’étude du contenu de différentes bouteilles de rhum sur un balcon d’immeuble ensoleillé, que la présidente et moi-même avons décidé de rejoindre les ATEC (Atelier théâtre et création) créés au sein de la compagnie par Olivier Privé avec la collaboration de la Mairie de la Vaupalière : une opportunité pour y réaliser nos propres séances de formation et… pourquoi pas un festival ?

2018… Quand une porte se ferme… mais non elle n’est pas fermée. La bibliothèque Le Séquoia me propose de collaborer avec l’école de musique de Maromme sur un spectacle pour la commémoration de la fin de la première guerre mondiale. C’est ainsi qu’avec mon acolyte et grande sœur Marie-Hélène Garnier nous avons créé Entendre la Guerre. Pendant ce temps, que se passe-t-il ? Il faut créer, créer et encore créer, puisqu’il faut préparer le premier festival Les réjouissances qui aura lieu en Juin 2019, en même temps que l’Armada. Puisqu’il est décidé de faire des créations, je me lance dans différentes écritures dont Bella ciao, drame historique autour de la seconde guerre mondiale en Italie. Bella ciao sera joué également à l’Almendra en novembre 2019 et par la suite, l’école de musique de Maromme me proposera d’accompagner ce spectacle pour version orchestrale… et pourquoi pas faire une suite avec l’écriture de Nessum Dorma ?

 En février 2020, Leonardo De Feo, un ami comédien désireux de défendre l’histoire de son pays , me propose  de traduire mon texte en italien, et de tenter l’aventure de monter ce spectacle en Italie. 

Mars 2020 : Les artistes, les projets, les spectacles, les répétitions, le festival, les rêves sont devenus non essentiels.

Il a fallu deux ans. Deux ans de réflexions. De départs physiques ou moraux, d’incompréhensions, de disputes, de claquages de porte, de fermetures, d’ouvertures, à essayer d’organiser à nouveau un festival en septembre 2021… merci aux communes pour leur soutien. Deux ans à dire au revoir à des amis, bonjour à d’autres, même si le deuil n’en reste pas moins difficile. Deux ans à essayer de se reconnaître ou se reconnecter. Deux ans à essayer de se pardonner à être non-essentiel. Et deux ans, c’est long. 

Pendant ces deux années, la Compagnie est partie aux portes du Mont Ventoux, à Mormoiron, dans le Vaucluse. Le temps de se retrouver, d’essayer de comprendre comment ranimer l’étincelle et construire demain. Et grâce à d’autres chemins, d’autres lumières, d’autres paysages, d’autres émotions tellement essentielles de nos jours, la compagnie a retrouvé ce qui fait sa force. 

Toi qui lis ces lignes, sache que j’aime et que je remercie toutes les personnes qui ont traversé cette compagnie et ma vie. Je les remercie pour tout ce qu’ils, elles, iels – enfin tous ces êtres - m’ont apporté ou apporté à la Compagnie Genèse, et qu’importe la raison de leur départ ou de leurs adieux.

Un chapitre, pour ne pas dire un livre, se termine. La Compagnie porte le nom du livre de la Création, alors créons car c’est ce qui est essentiel. Il nous faudra créer chaque jour, à chaque pas, à chaque respiration ce demain qui nous appartient, quoique peuvent dire nos soi-disant dirigeants ou tout autre caste politique, sociale , religieuse ou culturelle qui prétendent dominer ce monde.

Créer est essentiel.

Je termine cette page avec les mots de Victor Hugo :

« Naît-on deux fois ? Oui. La première fois, le jour où l’on naît à la vie ;

la seconde fois, le jour où l’on naît à l’amour. »

Porte-toi bien et prends soin de toi.

 

Nicolas QUESNEL

4 février 2022 – Beaumont-le-Roger."

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